Affiche créée par Chloe Rieu (Scénographie 3, Aix-en-Provence, France)
Ivanov
Les finissant.e.s de la section française en Interprétation, Scénographie et Création et production présentent Ivanov d'Anton Tchekhov, dans une mise en scène de Martin Faucher.
- Présenté à la Salle Ludger-Duvernay du Pavillon Monument-National
- En français
- Du 12 au 16 avril 2022
Durée du spectacle : 2 heures 5 minutes
Levée de fonds
Nous sommes fiers de nous associer à l'organisme Gris-Montréal qui milite pour une meilleure connaissance de la diversité sexuelle et de genre, pour une collecte de dons.
Pour tout don à l'École de 50$, lors de la représentation du 13 avril, 50% leur sera reversé.
Réservez pour le 13 avrilÀ propos de la pièce
Anton Pavlovitch Tchékhov naît en 1860 dans le sud de la Russie. Traduit et monté
partout dans le monde, on le considère aujourd’hui comme un des plus grands
auteurs russes de théâtre. Ses pièces les plus célèbres sont La Mouette (1896),
Oncle Vania (1897), Les Trois Soeurs (1901) et La Cerisaie (1904). Tchékhov est
surtout connu pour son théâtre, mais il a aussi publié plusieurs nouvelles, dont la
plus fameuse est La Steppe (1888). C’est un auteur prolifique : en vingt-cinq ans, il
aurait écrit plus de 600 oeuvres ! Il faut dire que, pour Tchékhov, écrire est d’abord
un gagne-pain. En effet, le petit Anton grandit dans une famille très pauvre. Livré
assez tôt à lui-même, il écrit des nouvelles pour gagner de l’argent et financer ses
études de médecine. En 1884, Tchékhov obtient son diplôme, et en parallèle, il
poursuit son oeuvre littéraire.
Jeune médecin, Tchékhov travaille dans des milieux ruraux où il soigne des gens
démunis ou endettés. Souvent, ses patients n’ont rien d’autre qu’un sac de farine
ou de noix pour lui payer ses honoraires. Cette expérience offre à Tchékhov
l’occasion d’observer la vie des gens simples : les paysans, les ouvriers, les prisonniers,
mais aussi les petits-bourgeois et les petits propriétaires terriens. Touché
par ce qu’il observe, Tchékhov publie plusieurs rapports pour témoigner des
conditions de vie difficiles des Russes de la fin du XIXe siècle. Chez Tchékhov, la
vision du médecin et celle de l’auteur se croisent : le métier du premier alimente la
plume du second, dans le même soin du sujet et le même souci du détail. Car les
patients que traite le médecin-dramaturge ne souffrent pas seulement physiquement.
Ils souffrent aussi psychologiquement. Tchékhov constate que les individus
autour de lui sont aliénés par leur condition de classe ou le manque d’argent,
affectés par un traumatisme, ou encore, terrassés par des doutes et des regrets.
Sans les juger et avec le plus de vérité possible, mais non sans un humour subtil
qui définit son style, Tchékhov témoigne de ceux et celles qu’il rencontre au
travers des différents personnages qu’il compose.
Atteint d’une maladie pulmonaire depuis l’âge de vingt ans, Tchékhov meurt à
quarante-quatre ans, alors qu’il cherchait à se soigner dans un centre balnéaire
en Allemagne.
Ivanov (1887) est la première pièce de Tchékhov à être jouée sur scène. S’il la
désigne d’abord comme un « drame en 4 actes », il la retravaille et la renomme
deux ans plus tard « comédie en 4 actes ». Ce changement indique bien la fine
ligne entre ridicule et tragique qui traverse le texte et caractérise toute l’oeuvre de
Tchékhov. En fait, Ivanov annonce un peu les pièces qui suivront. Outre la
cohabitation des genres comiques et dramatiques, on y retrouve la vie rurale et
son ennui profond, les amours déçus qui consument des âmes désespérées, mais
aussi la mesquinerie et l’avarice d’une société bien particulière.
Dans Ivanov, Tchékhov fait la satire d’une société nouvelle dans la Russie de la fin
du XIXe siècle, formée de petits aristocrates et de bourgeois qui stagnent ou
dérivent vers la décadence. Si certains personnages sont de véritables
caricatures (comme Borkine, Chabelski, Avdotia, Babakina et les Lebedev),
d’autres témoignent d’un net souci de réalisme (Anna, Sacha, Lvov et Ivanov).
Ivanov, en Russie, est un nom très répandu – comme Tremblay au Québec. Ce
recours à la banalité permet à Tchékhov de mettre en scène un antihéros
emblématique de son époque : l’homme mélancolique. Épuisé par ses projets
déchus, dont son mariage, celui-ci est aussi victime des mauvaises conditions
d’un contexte social russe qui bouche les perspectives sur l’avenir. Or, si Ivanov,
en proie au doute et au découragement, peut nous exaspérer par sa lâcheté, il
n’en demeure pas moins attachant. Peut-être est-ce parce que, au-delà de son
apathie, il souffre d’un mal qu’il ne comprend pas lui-même ? Cette ambiguïté,
maîtrisée du début à la fin de la pièce, contribue à faire de Ivanov un classique
d’une terrible modernité.
Au XIXe siècle, la Russie accuse un sérieux retard par rapport aux grandes
puissances européennes. Pour y remédier, le tsar, Alexandre II, met en place
de grandes réformes agraires, dont la plus importante est l’abolition du servage
en 1861. Le servage est un système d’esclavage agricole qui, en Russie, concerne
alors 123 millions de paysannes et paysans qu’on appelle serfs. En quelques
années, les serfs acquièrent donc le statut de citoyens libres, ce qui signifie
qu’on leur accorde le droit de se marier sans le consentement de leur maître,
de se lancer dans une entreprise commerciale et de posséder une terre à cultiver.
Les réformes d’Alexandre II comprennent aussi la création de Zemstvos, dont
Monsieur Lebedev, dans Ivanov, est président. Les Zemstvos sont des petits
conseils de région, élus par les contribuables. Ils sont chargés de gérer les
affaires locales, comme la construction de routes, d’écoles et d’hôpitaux.
Ces changements favorisent l’apparition d’une nouvelle classe de commerçants
et de petits industriels – souvent d’anciens serfs libérés. Malheureusement, cette
nouvelle classe demeure marginale et peu prospère. Cela s’explique notamment
par le fait que les terres cultivables attribuées aux serfs doivent être rachetées par
ceux-ci, alors qu’ils n’ont aucun capital pour le faire. De plus, la soudaine partition
des terres cultivables crée une rareté, et les parcelles sont souvent trop petites
pour permettre aux familles de se nourrir.
Promesses de progrès social, l’abolition du servage et les mesures agraires
d’Alexandre II obtiennent des résultats décevants. Les dommages économiques
sont grands et engendrent des transformations profondes dans toute la société
russe. Ironiquement, la soumission des paysans aux grands propriétaires terriens
se renforce. Ces derniers, aristocrates ou bourgeois, se retrouvent à leur tour
lourdement endettés et peinent à remplacer la main-d’oeuvre jusqu’alors gratuite.
Par conséquent, comme dans Ivanov, l’argent est au coeur de toutes les
préoccupations.
À cela s’ajoute le fait que le tsar maintient un régime autoritaire dans le pays.
Il faut dire que les réformes le forcent à collaborer avec un nouveau système
judiciaire indépendant, une presse libre et les nouveaux conseils locaux, les
Zemstvos. Toutes ces instances opèrent avec une liberté qu’elles n’ont jamais
eue, et le tsar répond par la répression. Celle-ci provoque du mécontentement,
et Alexandre II est finalement assassiné en 1881.
Lorsque Alexandre III, son fils, lui succède sur le trône, il réagit à l’assassinat
de son père par une série de contre-réformes : l’interdiction des partis politiques
et des syndicats, la limitation du droit de circulation et la censure de la presse.
L’intelligentsia, la frange intellectuelle de la société à laquelle appartient
le personnage d’Ivanov, est en plein désarroi devant cette politique rigide.
Elle observe avec un mélange de dépit et de nostalgie la dégradation de la
situation sociale, qui ne peut que s’enliser en province et générer du ressentiment.
L’impression de stagnation, d’impuissance et de désoeuvrement est grande
pour un pays qui avait cru en des jours meilleurs.
Mot de Martin Faucher
Tchekhov est un écrivain immense. Il sonde le cœur de l’homme jusqu’à des profondeurs vertigineuses. Dans tout son théâtre, noirceur, ombres et lumières se côtoient, se mêlent et se choquent dans un fascinant ballet qui éclaire nos âmes.
Ivanov est une pièce de jeunesse, sa deuxième. Il a 27 ans lorsque cette comédie féroce fut créée à Moscou en 1887. La société russe vivait alors de profonds bouleversements. L’espoir d’un monde meilleur, plus libre, plus juste se heurtait à l’appât du gain et à une hypocrisie sociale consternante.
Ivanov a cru à ce monde meilleur, mais il s’est rompu les reins en s’acharnant à vouloir le bâtir. Depuis une sourde mélancolie l’habite. Comment vivre alors que le doute, la culpabilité et le sentiment d’échec nous mine ? L’amour n’est jamais loin, mais jamais vraiment là non plus. Alors, vers qui, vers quoi se tourner ? C’est la question que Tchekhov pose. À nous d’y répondre.
Je salue bien bas toute la troupe de comédien.ne.s, de concepteur.trice.s, de technicien.ne.s qui ont vécu pleinement, généreusement et passionnément cette aventure théâtrale. Peu importe où votre chemin vous mènera, les mots de Tchekhov vivent désormais au creux de vos poches. C’est précieux.
Bonne route.
Martin Faucher, metteur en scène
Pour en savoir plus, voir également l'entrevue avec Martin Faucher, De Sophie Tremblay-Devirieux.
(Photo via Howlround Theatre Commons)
Scénographie
Conception de Marisol Vachon S3 (Rive sud, QC) et Direction technique de Ophélie Lacasse CP3 (Chambly, QC)
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Construction d'un élément du décor
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Costumes
de Chloe Rieu S3 (Aix-en-Provence, France)
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Costumes de l'acte 1
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Costumes de l'acte 2
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Costumes de l'acte 3
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Costumes de l'acte 4
Affiche
Photos de spectacle
Crédit photo: Maxime Côté
Crédit photo: Maxime Côté
Crédit photo: Maxime Côté
Crédit photo: Maxime Côté
Crédit photo: Maxime Côté
Crédit photo: Maxime Côté
Crédit photo: Maxime Côté
Crédit photo: Maxime Côté
Crédit photo: Maxime Côté
Équipe
Stéphanie Arav
(Interprétation, 2021)
(Montréal, QC)
Zinaïda Savichna
Alexis Aubé I3
(Laval, QC)
Nikolaï Alexéïévitch Ivanov
Ludovic Jean I3
(Fermont, QC)
Avdotia Nazarovna
Constance Malenfant I3
(La Pocatière, QC)
Anna Pétrovna, Invité 2
Charlie Monty I3
(Québec, QC)
Marfa Légorovna Babakina 1
David Noël I3
(Regina, SK)
Evguéni Konstantinovitch Lvov, Invité 1
Émile Ouellette I3
(Québec, QC)
Mikhaïl Mikhaïlovitch Borkine
Francis Paradis I3
(Tétreaultville, QC)
Pavel Kirillytch Lébédev
Théa Paradis I1
Gavrila
Caroline Tosti I3
(Québec, QC)
Sacha
Ismaïl Zourhlal I3
(Casablanca, Maroc)
Matvéï Sémionovitch Chabelski
ÉTUDIANT.E.S FINISSANT.E.S
Assistance à la mise en scène et Direction de production
Erika Maheu-Chapman CP3
(Montréal, QC)
Scénographie, Co-conception vidéo et Peinture scénique
Marisol Vachon S3
(Rive-Sud de Montréal, QC)
Conception des costumes
Chloé Rieu S3
(Aix-en-Provence, France)
Conception lumière et Co-conception vidéo
Zacharie Filteau CP3
(Montréal, QC)
Composition/Conception sonore
Laure Anderson CP3
(Paris, France)
Direction technique
Ophélie Lacasse CP3
(Chambly, QC)
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ÉTUDIANT.E.S
Assistance aux décors et Conception accessoires
Maude Janvier S2
Assistance aux costumes et Conception des coiffures et maquillages
Juliette Dubé-Tyler S2
Assistance à la direction technique
Juliette Papineau-Holdrinet CP2
Cheffe son
Béatrice Germain CP2
Cheffe électrique
Clara Desautels CP2
Régie de plateau
Kelly-Ann Osborne CP1
Cintrière
Joëlle Gagnon CP1
Équipe des accessoires et Peinture scénique Maude Janvier S2, Claire Aldridge S1, Julia Allehaux Villano S1, Sahdia Cayemithe-Daceus S1, David Henrich S1, Saffiya Kheerraji S1, Kathlyne Levesque-Caron S1, Clara Pinto S1 et Pen Tsin S1
Montage Stéphanie Lacasse CP1, Sasha Hayashi CP1, Déborah Bailly CP1, Christophe St-Denis CP2, Juliette Farcy CP2, Nine Desbaillet CP2, Alexie Pommier CP2, Siloé Melançon CP2, Félix Lefebvre CP3, Jérémy Noël CP3
Habilleuse
Hannah Fisher (Set and Costume Design, 2019)
Présenté dans le
Dates
- Mardi 12 avril - 20 h
- Mercredi 13 avril - 20 h
- Jeudi 14 avril - 20 h
- Vendredi 15 avril - 20 h
- Samedi 16 avril - 15 h
Lieu
Pavillon Monument-National | Quartier des spectacles
Salle Ludger-Duvernay
1182, boulevard Saint-Laurent
Montréal
Billets
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