Le théâtre des éloignements
Conférence portant sur la «distanciation numérique» et ses soubassements narrativo-historiques (rien de moins !) – le Web, sa préhistoire, son théâtre idéel.
- 17 juin, de 13h30 à 15h
- sur Zoom
Daniel Canty
Daniel Canty est écrivain, etc. Il réalise, en 1999, l’adaptation en ligne du roman d’Alan Lightman, Einstein’s Dreams. Depuis lors, il élabore une œuvre où l’écriture se prête à toutes les métamorphoses.
Il a participé à la création d’une dizaine de pièces de théâtre et de danse, notamment auprès de la metteure en scène Marie Brassard (Infrarouge), et de la chorégraphe Dana Gingras (Animals of Distinction). Mais un souci dramaturgique s’applique à toutes les formes qu’il aborde : scénarisation, création de livres, d’interfaces, d’installations, d’expositions, ou de parcours performés, élaboration de traductions, de conférences, de curricula et d’ateliers… Obéissant à une sorte de gravité vocationnelle, il déploie les forces et les formes de l’écriture – ses fréquences visibles et invisibles – afin qu’elles altèrent les matières auxquelles elles s’entremêlent.
Ses livres, dont il assume fréquemment la mise en livre, tendent à échapper aux catégories génériques. Le plus récent est La société des grands fonds, une exploration des rapports flottants entre la littérature, l’eau et le temps. Mappemonde, un essai autofictif sur les origines de sa vocation littéraire, et VVV, l’atlas géopoétique de trois «odyssées transfrontières» réalisées avec l’artiste Patrick Beaulieu sont parus en 2015. Il est également, entre autres ouvrages, l’auteur d’un récit, Les États-Unis du vent (2014), du roman Wigrum (2011), du feuilleton en ligne Costumes nationaux (costumesnationaux.com), et d’une série d’«auto-science-fictions» présentés dans divers contextes d’art actuel.
Daniel a étudié la littérature, l’histoire et la philosophie des sciences à Montréal, l’édition à Vancouver et le cinéma à New York. Il a créé, dès 1998, un des premiers ateliers d’écriture numérique, au Centre des arts de Banff. Récemment, il a enseigné le design d’évènements et la littérature à l’Université du Québec à Montréal. Il anime, depuis 2011, L’Inclasse, un cours de lecture et d’écriture indisciplinaires, à l’École nationale de théâtre du Canada. Il a été élu à l’Académie des lettres du Québec en 2017. Il a de nombreux projets.
Description détaillée
Le théâtre des éloignements – 17 juin
Daniel Canty, écrivain, etc., a amorcé son parcours artistique à la fin du 20e siècle, alors que les médias numériques commençaient à affirmer leur présence ubiquitaire. Une exposition en bas âge aux premiers micro-ordinateurs (par le biais d’un grand frère qui deviendrait ingénieur informatique), doublée d’une fascination pour les univers de la science-fiction, et multipliée par des études universitaires en littérature et en histoire des sciences, le prédestinait à frayer avec le numérique. Il amorcera, dès 1997, par le truchement d’une fiction Web, le chantier qui donnerait lieu, en 2011, à son premier roman, Wigrum, véritable interface de papier, dont l’ambition est de mettre en mouvement une «machine à mouvement fictionnel perpétuel». Puis en 1999, il signerait, en tant que réalisateur et scénariste, une adaptation en ligne du roman d’Alan Lightman, Einstein’s Dreams. Ce travail, qui s’inspire de la méthode Repères chère à Robert Lepage et ses pairs, donne lieu à ce qu’il appelle alors «un théâtre des distances». Il revient, pour cette deuxième conférence, sur les échos troublants, criants d’actualité, de ce vocable, et propose une réflexion au long cours sur l’art des interfaces, l’histoire des machines logiques – sorte de théâtre idéel dont Alan Turing a posé les bases – et l’émotion qui court, sans payer de mine, sous les circuits de nos machines réseautées. Sondant l’âme des machines, histoire de voir si l’amour que nous leur vouons n’est pas en train de déborder de ses gonds.