La mise en livre
Conférence : La mise en livre portant sur la relation de l’espace scénique à l’espace (!) du livre.
- 10 juin, de 13h30 à 15h
- sur Zoom
Daniel Canty
Daniel Canty est écrivain, etc. Il réalise, en 1999, l’adaptation en ligne du roman d’Alan Lightman, Einstein’s Dreams. Depuis lors, il élabore une œuvre où l’écriture se prête à toutes les métamorphoses.
Il a participé à la création d’une dizaine de pièces de théâtre et de danse, notamment auprès de la metteure en scène Marie Brassard (Infrarouge), et de la chorégraphe Dana Gingras (Animals of Distinction). Mais un souci dramaturgique s’applique à toutes les formes qu’il aborde : scénarisation, création de livres, d’interfaces, d’installations, d’expositions, ou de parcours performés, élaboration de traductions, de conférences, de curricula et d’ateliers… Obéissant à une sorte de gravité vocationnelle, il déploie les forces et les formes de l’écriture – ses fréquences visibles et invisibles – afin qu’elles altèrent les matières auxquelles elles s’entremêlent.
Ses livres, dont il assume fréquemment la mise en livre, tendent à échapper aux catégories génériques. Le plus récent est La société des grands fonds, une exploration des rapports flottants entre la littérature, l’eau et le temps. Mappemonde, un essai autofictif sur les origines de sa vocation littéraire, et VVV, l’atlas géopoétique de trois «odyssées transfrontières» réalisées avec l’artiste Patrick Beaulieu sont parus en 2015. Il est également, entre autres ouvrages, l’auteur d’un récit, Les États-Unis du vent (2014), du roman Wigrum (2011), du feuilleton en ligne Costumes nationaux (costumesnationaux.com), et d’une série d’«auto-science-fictions» présentés dans divers contextes d’art actuel.
Daniel a étudié la littérature, l’histoire et la philosophie des sciences à Montréal, l’édition à Vancouver et le cinéma à New York. Il a créé, dès 1998, un des premiers ateliers d’écriture numérique, au Centre des arts de Banff. Récemment, il a enseigné le design d’évènements et la littérature à l’Université du Québec à Montréal. Il anime, depuis 2011, L’Inclasse, un cours de lecture et d’écriture indisciplinaires, à l’École nationale de théâtre du Canada. Il a été élu à l’Académie des lettres du Québec en 2017. Il a de nombreux projets. danielcanty.com
Description détaillée
La mise en livre – 10 juin
Dans la première conférence de ce diptyque consacré au théâtre des pages et des interfaces, Daniel Canty, écrivain, etc., aborde l’art curieux de la mise en livre, sorte d’équivalent livresque de la mise en scène, par lequel la matérialité d’un livre répond intimement aux textes qui le traversent. En quelque part au début des années quatre-vingt-dix il lit à voix haute, à l’abri d’un recoin de la bibliothèque du Collège Maisonneuve, une copie de l’adaptation livresque d’une pièce du Théâtre Ubu, Merz Opéra, où le contour changeant des mots épouse l’intensité du jeu. Une possibilité se fait jour, quelque chose s’installe en lui, qu’il ne reconnaîtra que des années plus tard. Lorsqu’il découvrira, après avoir cru l’inventer pour décrire une part de sa pratique, que le terme « mise en livre » existait déjà dans le langage des imprimeurs médiévaux, il aura la confirmation de poursuivre une passion au cours long. Dans les ouvrages qu’il réalise, les pages se font théâtre, et le livre, soumis à un méticuleux travail éditorial et graphique, apparaît comme son propre personnage : à la fois espace-temps et forme de vie, dictant les lois de son propre être-au-monde, les effets de sa propre physique singulière. Cet art idoine, se nourrit tout autant d’imaginaire littéraire, éditorial et graphique que de dramaturgie, de scénographie ou de montage cinématographique ou de création d’interfaces, ravive le potentiel d’invention du livre, et met à défi l’idée de sa désuétude. Daniel Canty vous invite ici au récit d’une passion, et d’une patience, qui est aussi une célébration de la vie écrite.