Maintenant que je suis en poste à la direction artistique de la section française, je veux réaffirmer que l’École nationale de théâtre est avant tout une école d’art, c’est à dire une école libre et citoyenne. Une école qui est tout sauf figée dans le temps et qui est constamment propulsée par l’énergie, l’imagination et les désirs créatifs et artistiques de ses étudiants, avec qui elle entretient en permanence un dialogue ouvert. Après tout, ce sont eux qui sont en train de transformer la manière de produire et de pratiquer le théâtre, de le faire vivre. Je ne veux pas former des artistes qui vont simplement, par paresse, répondre aux exigences actuelles du milieu professionnel.

Je veux former des jeunes artistes qui vont ouvrir la voie à des impulsions nouvelles, qui se sentent libres de proposer des idées et libres d’exister tels qu’ils sont. Et ça peut sembler contrintuitif pour une école, mais moi j’appelle tous les jeunes qui veulent étudier chez nous : « Venez! C’est en fait à vous de nous apprendre comment faire du théâtre! ».

Une école d’art, c’est une école d’élite, qui forme des élites artistiques dans le même sens que les écoles de hockey ou les clubs de natation forment des élites sportives. Certaines personnes réagissent mal au terme « élite », mais quand on leur parle sportifs d’élite, là ça va. Je peux vous dire que ça demande autant de rigueur, d’heures de travail et de dévouement pour exceller dans un métier artistique, en maîtriser les connaissances et les savoir-faire, que d’exceller à un niveau supérieur dans un sport.