Le 1er mai 2022, dans le cadre de la cérémonie de remise des diplômes, Robert Bellefeuille, Directeur du programme de Mise en scène et des Résidences a livré un discours tout en émotion.

Wanderson :

Cette chanson que vous venez d’entendre est tirée du spectacle Vague Chair, que Wanderson a mis en scène en mars dernier. Sa mère lui chantait cette berceuse au Brésil. Je ne sais pas si déjà, dans ses rêves le petit Wanderson savait qu’il allait, un jour venir s’établir au Québec, un jour fonder une famille et un jour m’écrire cette lettre :

« 1er mars 2020, À vous qui portez ma lettre…J’aurais aimé vous exprimer par des mots percutants mon songe de devenir. On m’a dit que le metteur en scène est un passeur d’âme. Si seulement mon écriture pouvait révéler l’aspiration de mon entreprise.

J’ai plusieurs langues dans ma tête qui me joue parfois des tours.

J’ai du métissage dans mes origines et du doute dans mes convictions.

Ces dichotomies sont le moteur profond de ma quête.

Ainsi un jour, j’aimerais pouvoir dire que par la formation bienveillante que vous offrez, je suis à mon tour devenu un « passeur d’âme »

Fait sur mesure et d’une durée de deux ans, le programme de Mise en scène accueille une personne chaque année. Enthousiaste et lumineux, témoignant d'une vitalité implacable, Wanderson Santos Damaceno a fait son entrée glorieuse à l’École nationale le 29 juillet 2020. Fanfare brésilienne, feu d’artifice spectaculaire et Surprise, une invitée décide de se joindre à la fête… LA COVID 19.

Ses 542 jours d’apprentissage (soit 18 mois) ont tous été en contexte pandémique. Je ne peux passer sous silence l’attitude remarquable et résiliente de Wanderson ou les défis étaient de taille.

 

Émilie :

…en Outaouais, dans ta forêt et dans chacun de tes pas, j’entends ta voix qui dit :

J’ai traversé la rivière tous les matins pour aller de l’autre côté de la frontière.

En anisnaabemowin on dit Ashokan pour désigner le mot pont

Un pont entre deux cultures, deux langues, deux provinces.

Un peu mon héritage à moi.

Pour nous la rivière est le cœur de tout, l’artère qui mène au coeur

Moi, je veux être ma propre rivière (extrait tiré du laboratoire de recherche « Polyglotte »

Émilie, sache que maintenant dans les couloirs de l’École Nationale, il y a comme une rivière de mots qui résonnent et qui grondent, tes mots qui font écho à ton passage parmi nous.

Grâce à toi, je sais maintenant qu’une simple cocotte renferme les secrets du pin blanc et que la lune est le soleil de la nuit.

Miigwetch Emilie, pour ce beau voyage au cœur de ton territoire artistique et poétique

 

Marc-Antoine :

… pour Marc-Antoine, une chose est claire : je veux faire de la mise en scène parce que je dois faire de la mise en scène. C’est le médium que j’ai choisi, ou plutôt qui m’a choisi. C’est par un amour profond et inconditionnel pour le théâtre que je veux le repenser et le questionner. Après tout, qu’est que la vie sinon une courtepointe d’événements spectaculaires qui n’attendent que d’être analysées.

Cette année, au cœur de ta courtepointe il y a eu Joël Pommerat, Gauvreau, Racine, Tina-Ève, Thomas, Julien-Claude, Pierre et Ivan Viripaev.

Marc-Antoine, je suis fier d’avoir parcouru ce trajet avec toi et privilégié d’avoir côtoyé ta vitalité. Merci beaucoup pour cette merveilleuse année ludique et philosophique.

Leticia :

La Résidence en leadership a été créée afin de servir le milieu artistique et préparer avec succès des chefs de file émergents. Originaire du Brésil, polyglotte, grande voyageuse, mais surtout passionnée des arts, Leticia Dal-Ri Torgo, s’est rapidement taillé une place de choix dans le milieu et elle s’est imposée comme une complice inventive et une leader inspirante.

En plus de participer à la cohorte francophone qui offre des classes de maître et des rencontres mensuelles sur des sujets touchant à la direction générale, Leticia a fait plusieurs séjours à Banff et 2 stages de perfectionnement avec l’équipe du collectif autochtone Making Treaty Seven en Alberta.

….Ma résidence demeure un moment de questionnements, de réflexion et de découvertes.  Je sais maintenant que je suis né sur le territoire traditionnel de Pindô-Rama, le pays des palmiers en langue tupi-guarani. Grâce à cette résidence, j’ai développé une passion pour les nouvelles langues. Mon plus beau rêve serait de collaborer, en tant qu’alliée allochtone, au processus de vérité et de réconciliation.